L’inattention et la dispersion de la pensée sont des maux de notre civilisation.

Cette dispersion détruit rapidement notre personnalité, et le recentrage de nos facultés mentales est le moyen pour la reconstruire. C’est ce que les yogis désignent sous le terme de dhãranã, traduit généralement par concentration, bien que cette traduction soit discutée.

L’image de la roue, employée à ce propos, nous fait comprendre ce qui se passe. Le moyeu autour duquel la roue tourne est fixe. Si nous sommes situés au moyeu nous sommes centrés et de là nous pouvons joindre la jante de la roue qui tourne par les rayons qui convergent vers le centre. Mais si nous nous situons sur la jante, lorsque la roue tourne, notre situation est scabreuse et notre position en équilibre difficile à conserver.

C’est en réalité ce que nous faisons lorsque nous nous dispersons, nous laissant entraîner dans le tourbillon de la vie, cherchant à tout atteindre à la fois, dans toutes les directions et en dehors de notre centre.

Lorsque tel est le cas, le premier remède est de nous recentrer dans le ventre.

Là, se situe le centre de gravité du corps et nous y retrouvons, tout naturellement, une respiration qui intéresse particulièrement le vital en nous.

Puis, nous reviendrons nous situer dans la tête, au volant de la commande. De là, il nous faut être attentif et vivre le moment présent. Pour cela, nul besoin d’attendre le cours de yoga une fois la semaine. Il faut, dès le saut du lit, chercher à être là pour vivre consciemment le moment présent. Etre présent au présent, c’est la pratique de l’acte conscient.

Roger Clerc (1908-1998), pionnier de la diffusion du yoga en Europe, co-fondateur de la F.N.E.Y., fondateur du Yoga de l’Énergie, auteur de nombreux ouvrages dont “un art de vivre” paru au courrier du livre à Paris.